Histoire du MSX
Introduction
Le standard MSX est né au début des années 80 de l'association géniale de constructeurs informatiques nippons à Microsoft. Par cette alliance, et pour la première fois, des ordinateurs familiaux devenaient compatibles entre eux par la standardisation des matériels et des logiciels.
Les origines
Après plus d'une dizaine d'années de recherches orchestrées par des compagnies japonaises (ASCII, Matsushita, Sony...), c'est en 1983 qu'un jeune ingénieur de chez ASCII, Kazuhiko Nishi, présente les données techniques d'un standard informatique attendu par toute la corporation. Le standard MSX est né.
De l'autre côté du Pacifique un certain Bill Gates, patron de la cyber entreprise Microsoft et inventeur du système d'exploitation DOS, délaisse les IBM-PC. Leurs clones ne sont pas encore totalement compatibles, faute notamment (et justement) d'une standardisation logicielle suffisante. Il se tourne alors vers le MSX et Nishi, qu'il avait déjà rencontré en 1977 afin de développer les intérêts de Microsoft au Japon, et élabore pour lui un langage de programmation étendu particulièrement complet et efficace : MSX-Basic.
Le MSX 1
A la fin de l'année 1983, le standard MSX est officiellement lancé avec la signature par une vingtaine de constructeurs nippons (Sony, Matsushita, Toshiba, Sanyo, Yamaha...), coréens (Hyundai, Goldstar), européens (Philips)... d'un cahier des charges fixant les caractéristiques techniques et matérielles du MSX.
Il existe a peu près autant de définitions des trois lettres M-S-X qu'il y a eu de livres écrits sur le standard ou de sites web créés sur le sujet. Pour ma part, je retiendrai celle qui me convainc et me convient le mieux. En l'occurence, cette norme devrait son nom aux possibilités offertes par la compatibilité (Machines with Software eXchangeability) et au basic étendu qui équipe l'ensemble des machines : [link=Basic MSX]MSX-Basic[/link] (MicroSoft eXtended Basic).
Techniquement, un MSX repose sur la configuration minimale suivante :
- un microprocesseur Zilog Z80 (8 bits) cadencé à 3,5795 Mhz ;
- un processeur vidéo Texas Instrument 9918 ou équivalent (video display processor ou VDP) ;
- un processeur sonore à 3 voies sur 8 octaves de type AY3 8910 de General Instrument ou équivalent (programmable sound generator ou PSG) ;
- un circuit Intel 8255 (programmable port interface ou PPI) ;
- une ROM de 32 Ko contenant le MSX-Basic ;
- une RAM de 8 Ko ;
- un clavier de type machine à écrire doté de 10 touches de fonctions plus 4 touches de déplacement du curseur ;
- différents ports d'entrée/sortie (vidéo, imprimante, magnéto cassettes, lecteur de disquettes, joystick, souris, cartouches...).
Le MSX 2
Deux ans après son apparition, un souffle nouveau redonne vigueur au MSX, déjà sur le déclin. Le MSX2 est lancé en 1985 avec un CPU identique. En revanche, il est équipé d'un nouveau processeur vidéo pourvu de qualités graphiques bien meilleures que son prédécesseur et d'une RAM portée pour certains modèles à 128 Ko, voire 256 Ko.
En 1987, les MSX2+ font une sortie discrète : le mal est fait. Le standard MSX n'attire plus et seuls quelques inconditionnels seront prêts à débourser de coquettes sommes pour avoir un micro dont les seules innovations sont une amélioration des qualités sonores (FM à 9 voies) et graphiques (affichage en 19268 couleurs pour une résolution de 256x212 pixels).
Le MSX 3 ?
Malgré des rumeurs de développement d'un MSX3, celui-ci ne verra jamais le jour... Une à une, les marques japonaises quittent le navire. Seul Panasonic continue à y croire et finit par mettre sur le marché deux nouvelles machines (A1-ST et A1-GT) flanquées du logo MSX Turbo-R.
Ces machines constituent une réelle nouveauté et apparaissent beaucoup plus puissantes que les autres MSX disponibles jusque là. Dotées de deux microprocesseurs, un CPU R800 (16 bits) est couplé au Z80 (8 bits), et d'un processeur vidéo V9958 aux qualités impressionnantes, les performances sont au rendez-vous.
Les Panasonic Turbo-R seront réservés presque exclusivement au marché japonais et leur échec commercial sonnera le glas du standard MSX à une époque ou les clones des IBM-PC commenceront à envahir le marché mondial.
Un standard toujours vivant
Malgré des qualités indéniables et souvent supérieures à ses concurrents directs de l'époque (Commodore C64, Amstrad CPC, Amiga 500...), le MSX n'a pas eu le succès escompté en Europe et encore moins en France.
Avec un réseau de diffusion limité à peau de chagrin, un accueil déplorable de la presse spécialisée de l'époque et des choix marketing discutables en matière de politique des prix, le MSX en France était voué à disparaître et ce, malgré le succès fulgurant du standard au Pays du Soleil Levant et au Brésil où une marque nationale, Gradiente, a même vu le jour.
Le coup de grâce vient des Etats-Unis où le MSX fait un bide retentissant, écartant définitivement l'américain Microsoft des firmes nippones.
Aujourd'hui il reste en France encore pas mal d'allumés du MSX, tous passionnés, qui entretiennent la flamme. Certains font plus que l'entretenir et l'alimentent en permanence en continuant le développement logiciel et matériel du parc existant et de vrais projets sont toujours en cours (vous en trouverez la preuve sur ce site).
A noter également que la communauté MSX internationale est encore l'une des plus actives au monde et ce, un quart de siècle après l'arrivée de ces ordinateurs personnels sur le marché.
N'oublions pas que c'est grâce au MSX que les jeux de rôles "à la japonaise", souvent inspirés de l'univers des mangas, se sont développés. Des RPG (role playing game) réalisés pour le standard MSX ont fortement influencé les jeux sortis plus tard sur consoles Nintendo ou Sega.
N'oublions pas non plus que si certains aujourd'hui jouent à Metal Gear sur leur console de salon dernier cri, c'est peut-être parce que nous y jouions déjà il y a 25 ans sur MSX2.
Enfin, il doit bien y avoir une bonne raison pour que Konami, l'éditeur historique incontesté (et incontestable) des meilleurs jeux MSX, lance des sondages pour savoir quelle "vieillerie" pourraient être remise au goût du jour !